vendredi 30 septembre 2011

Static static, static !


Static static, static !
Conférence à l'Institute of Contemporary Art (ICA) de Londres
Jean Tinguely
le 12 novembre 1959

Static, static, static ! Be static ! Movement is static ! Movement is static because it is the only immuable thing – the only certainty, the only unchangeable. The only certainty is that the movement, change and metamorphosis exist. That is why movement is static. So-called immobile object exists only in movement. Immobile, certain and permanent things, ideas, works and beliefs change, transform and desintegrate. Immobile objects and snapshots of a movement whose existence we refuse to accept, because we ourselves are only an instant in the great movement. Movement is the only static, final, permanent and certain thing. Static means transformation. Let us be static together with movement. Move statically ! Be static ! Be movement ! Believe in movement's static quality. Believe in change. Do not pin-point anything ! Everything about us is movement. Everything around us changes. Believe in movement's static quality. Be static !
The constant of movement, of desintegration, of change and of construction is static. Be constant ! Get used to seeing things, ideas and works in their state of ceaseless change. You will live longer. Be permanent by being static ! Be part of movement ! Only in movement do we find the true essence of things. Today we can not longer believe in permanent laws, defined religions, durable architecture of eternal kingdoms. Immutability does not exist. All is movement. All is static. We are afraid of movement because it stands for decomposition – because we see our desintegration in movement. Continuous static movement marches on ! It cannot be stopped. We are fooling ourselves if we close our eyes and refuse to recognize the change. Actually, decomposition does not exist ! Decomposition does not exist ! Decomposition is a state envisaged only by us because we do not want it to exist, and because we dread it.
There is no death! Death exists only for those who cannot accept evolution. Everything changes. Death is a transition from movement to movement. Death is static. Death is movement.
Be youself by growing above yourself. Don't stand in your own way. Let us change with, and not against, movement. Then we shall be static and shall not decompose. Then there will be neither good nor evil, neither beauty nor unsightliness, neither truth not falsehood. Conceptions are fixations. If we stand still, we block our own path and we are confronted with our own controversies. Let us contadict ourselves because we change. Let us be good and evil, true and false, beautiful and loathsome. We are all of these anyway. Let us admit it by accepting movement. Let us be static ! Be static !
We are still very much annoyed by out-of-date notions of time. Please, would you throw away your watches ! At least, toss aside the minutes and hours.
Obviously, we all realize that we are not everlasting. Our fear of death has inspired the creation of beautiful works of art. And this was a fine thing, too. We would so much like to own, think, too. We would so much like to own, think or be something static, eternal and permanent. However, our only eternal possession will be change.
To attempt to hold fast an instant is doubtful.
To bind an emotion is unthinkable.
To petrify love is impossible.
It is beautiful to be transitory.
How lovely it is not to have to live forever.
Luckily, there is nothing good and nothing evil.
Live in time, with time – ad as soon as time has sickened away, against it. Do not try to retain it. Do not build dams to restrain it. Water can be stored. It flows through your fingers. But time you cannot hold back. Time is movement and cannot be checked.
Time passes us and rushes on, and we remain behind, old and crumbled. But we are rejuvenated again and again by static and continuous movement. Let us be transformed ! Let us be static ! Let us be against stagnation and for static !

mardi 27 septembre 2011

Joseph Beuys, conversation avec Eddy Devolder, le 23 février 1988

Extraits de Joseph Beuys, Social Sculpture, Invisible sculpture, Altrnative Society, Free International University, Conversation With Eddy Devolder, Gerpinnes (Belgique), Ed. Tandem, 1990.

Beuys : [...] Ma vision de l'art essaye de briser et de dépasser les frontières de l'ordre artistique, d'une vision restrictive de l'activité culturelle.

Devolder : Vous êtes aussi sculpteur, alors ces dessins comment peut-on les approcher? Comme des dessins de sculpteur ou des sculptures en elles-mêmes?

Beuys : Ce sont des sculptures dans la mesure où elles creusent des matériaux de la vie dans le but de la transformer. Cela correspond pour ma part à une vision plus élargie, plus extensive de la sculpture.
En un sens, le dessin est une sculpture invisible. J'appelle cela aussi d'un autre terme, celui de sculpture sociale. En effet cette forme de sculpture associe et interpelle tout le monde. Elle renvoie à l'existence, à l'être intime, la vie privée de chacun. Ainsi aimerais-je que l'on considère mon travail comme une vision anthropologique de l'art, car dans mon esprit, c'est l'élément de base, le point de départ d'une vision alternative du futur. C'est, en un sens, une anticipation qui sera amenée à se développer et se définit toujours plus à l'avenir. Le cours même du temps ne cessera d'ailleurs de préciser cette notion. Je pense - et cela me rapproche d'une série de personnes qui essayent d'aller dans le même sens, - que cela nous donnera une nouvelle vision et une nouvelle compréhension de la liberté conçue alors comme une liberté dans la culture, c'est-à-dire comme possibilité pour cette liberté de se trouver pleinement et de se réaliser dans la culture. Je voudrais que l'on puisse tout à la fois se débarrasser, se libérer d'une vision restrictive des choses et de l'endoctrinement idéologique des États. J'aimerais que l'on puisse s'affranchir des intérêts économiques tels qu'ils sont conçus dans le système capitaliste occidental aussi bien que dans les États bureaucratiques de l'Est.
Je suis de ceux qui croient que seul l'Art, - c'est-à-dire l'art conçu à la fois comme autodétermination créative et comme processus qui engendre la création, - est à même de nous libérer et de nous conduire vers une société alternative.
[...] Cette idée de créativité fonde la liberté humaine. Et l'expression par excellence de cette liberté, sa principale détermination, c'est l'art.
[...] j'essaie d'approcher une vision plus élargie de l'art tel que je le comprends désormais, à savoir comme sculpture sociale.
[...] J'ai une ambition lorsque je travaille : je veux provoquer et stimuler les gens qui sont aux prises avec des problèmes analogues à ceux qui m'incitent à dessiner. Je veux donner aux gens la possibilité - et susciter en eux le sentiment qu'ils ont le devoir de développer des propositions ou de construire des modèles alternatifs que chacun peut voir, sur lesquels on peut se pencher pour les étudier et à travers lesquels chacun peut communiquer.
C'était déjà ce que j'avais cherché à réaliser avant 1968 en créant "l'Organisation pour la Démocratie Directe". Après quoi j'ai élargi cette structure pour la soumettre à des questions autres que celles de la démocratie. J'étais en effet de plus en plus concerné par des problèmes de liberté et des problèmes sociaux suscités par les structures économiques. C'est ainsi qu'est née clairement et organiquement l'idée d'une "Université Libre Internationale" et j'aimerais qu'elle serve comme modèle de libération pour tous les peuples de la terre. Voilà pourquoi j'ai créé en 1971 l'Université Libre Internationale. C'est à présent une institution ouverte  qui possède de multiples ramifications dans le monde. Ainsi, en Irlande du nord, en Italie, en Allemagne, en Angleterre... on y travaille sous forme de rencontres, de débats... Un peu partout se sont formés de petits groupes qui travaillent en interrelation et forment une espèce de coopérative. Le but c'est d'arriver à créer un immense mouvement qui rassemble l'humanité entière. Un mouvement qui d'abord ouvrirait sur la liberté pour aboutir à l'élaboration de structures démocratiques radicalement différentes.
Par ailleurs, cette vision de la liberté, je crois que seule la campagne, la nature nous en donnera la notion au sens où c'est l'ultime référence de la liberté. La nature en effet est l'élément, la référence déterminante de toute conception de la liberté. Les membres, les adhérents et les sympathisants de l'université sont pour l'instant, en majorité des travailleurs, des ouvriers d'usine, des syndicalistes...
[...] Ainsi nous avons des relations étroites avec le monde ouvrier et à chaque fois que nous nous rencontrons, nous essayons de renforcer nos liens. C'est ainsi que nous sommes également amenés à nous intéresser de plus en plus au monde rural.
[...] D'autre part, il y a évidemment aussi des scientifiques qui se trouvent impliqués dans notre université.
[...] c'est véritablement d'action qu'il s'agit ici et d'une action chaque fois spécifique. Car à chacune des actions, de plus en plus de gens sont impliqués dans l'action, provoqués par elle afin qu'à leur tour, ils réfléchissent et agissent dans le sens de l'action. Mais l'action que je prône ne se cantonne pas au seul domaine de l'art, il le dépasse et concerne le corps social dans sa totalité.
Notre manière de penser et de procéder est en fait très organique et ce que nous désirons mettre sur pied, c'est une organisation organique qui propose aux gens une voie afin qu'ils puissent quitter toutes les vieilles structures pourries de la société et construire une société essentiellement basée sur des notions d'autodétermination et de liberté pour tout le monde. ce nouveau type de société ne pourra être qu'une société fondamentalement démocratique régie par une autre vision de l'économie des systèmes capitalistes basée sur le profit, la propriété et l'esprit d'entreprise.
[...] L'important c'est que cette recherche soit tournée vers une compréhension radicalement différente de la culture, de la démocratie et de l'action sociale dans le champ industriel.
C'est dire combien il est à a fois nécessaire et vital pour chacun de trouver son arrière plan spirituel dans ce que nous appelons l'individualité ou l'existence particulière.
Chacun possède en effet une certaine manière - et à lui seul propre, - de rêver, de sentir, d'avoir une relation plus ou moins profonde à la nature, à la spiritualité voire à la religion d'entretenir des liens plus ou moins étroits avec ses frères, ses sœurs, son environnement, de se comporter vis à vis du futur, de l'histoire, de l'âme, de la volonté...
Toutes ces relations définissent une aie psychologique qui appartient au domaine de la pensée propre à chacun et qui inclut la volonté, l'héritage qui pour moi représente cette potentialité unique et concrète, ou si l'on veut cette raison, pour laquelle j'ai démarré en 1973 avec cette institution qui se nomme "Université Libre pour la Créativité et la Recherche Interdisciplinaire". Le but de cette institution, c'est que chaque initiative de part le monde soit d'abord comprise comme l'un des différents aspects du monde et chaque fois qu'une initiative se présente, nous voulons lui donner la chance de germer et de s'exprimer. Pour nous même, nous voulons ainsi nous donner une occasion de nous rencontrer en dehors de la sphère spécifique dans laquelle nous sommes enfermés.
L'agriculteur travaille dans un monde qui n'est pas celui de l'ouvrier et le scientifique travaille dans un monde ou une sphère spécifique aux scientifiques sans contact avec le paysan ni avec l'ouvrier. Or ces engagements particuliers de l'être humain m'intéressent au plus haut point parce que chaque domaine de l'activité humaine est à sa façon une manière de rechercher l'esprit, d'entrer en contact avec les forces invisibles et c'est dans la nature de l'homme de rechercher le contact avec ces forces. C'est aussi la raison pour laquelle les dimensions religieuses de toute activité humaine m'intéressent au plus haut point.

[...] La parole, tout tient en elle. Tout tient dans le discours, dans le dialogue. Quelle autre force pourrait il y voir que le langage qui est tout à la fois l'expression la plus élémentaire de la pensée et l'expression de la pensée la plus élémentaire pour aborder les problèmes quels qu'ils soient. Mais c'est aussi l'expression la plus créative des êtres humains. Il est absolument urgent que nous prenions conscience que le langage est le seul moyen d'expression de la dignité humaine. C'est par ailleurs le seul moyen créatif, à nous de le rendre encore plus créatif.
Il faut d'ailleurs savoir que le langage et la pensée sont l'expression même de la liberté et à ce titre, c'est la seule possibilité de changer le système. Cela ne doit pas s'arrêter bien sûr au seul discours. Il faut que tout le monde se persuade qu'il existe une possibilité pour chacun d'aller de l'avant et de susciter des modèles concrets au sein de la société.
[...] Et cela peut seulement se réalise en tablant sur le pouvoir de la pensée et le pouvoir de la parole.

samedi 10 septembre 2011

Discussion entre Yves Klein et Pierre Restany, 1961

Discussion entre Yves Klein et Pierre Restany sur la mise au point du livre Yves Klein le monochrome (15.12.1961)


Yves Klein : L'événement c'est évidemment le Vide chez Iris Clert (1958)
On retourne au même schéma que nous avons fait la première fois :
  • Histoire
  • Analyse

Pierre Restany : Alors là l'analyse est très importante parce que le vide amène à l'immatériel etc... Très important : - le vide et le branchement sur l'immatériel -
Notons au passage l'importance que cette exposition a eu pour Tinguely.

Yves Klein : Oui ça l'a réveillé. Il le reconnaît très bien. Il est resté toute la soirée stupéfié, il ne voulait absolument pas partir etc...
Il y a un côté très important c'est le côté de cette exposition du vide c'est-à-dire de l'immatériel pictural que j'avais situé donc, aussi bien en 57 qu'en 58, dans les limites malheureusement architectoniques ; c'était en sommes une galerie de tableaux , elle était vide, je présentais l'atmosphère de la peinture dans la galerie de tableau non pas les murs comme beaucoup de gens l'ont cru. Mais c'était l'atmosphère en soi de partout , qui s'infiltrait partout , qui s'imprégnait . L'imprégnation, le phénomène de l'imprégnation.

Restany : c'est-à-dire que cette zone de sensibilité picturale immatérielle avait encore un support à savoir : le murs de la galerie.

Yves Klein ; C'est-à-dire non. Je disais déjà cette époque là que c'était une imprégnation qui partait hors des dimensions, qui traversait tout, qui s'imprégnait dans tout, aussi bien dans la matière que dans l'atmosphère que dans le vide, mais ce qui était très important, c'est qu'elle était encore figurée. Figurée par la galerie. C'était le lieu de rencontre ; c'était le haut lieu, comme mon atelier aurait pu l'être : en somme j'en avais fait mon atelier. Je voulais en somme présenter l'atmosphère dans cette galerie, qui règne dans l'atelier, la présenter dans cette galerie.
Mais alors ce qui est très important c'est que je me suis aperçu de cela, d'ailleurs on a discuté de ça très longtemps pendant la durée de l'exposition avec tout le monde et c'est là que j'ai fait cette fameuse exposition à Anvers, qui n'avait aucune valeur comme exposition, mais où je suis arrivé le jour du vernissage, à l'heure du vernissage, et on avait laissé mon emplacement vide j'avais dit que j'amènerais mon matériel et lors évidemment personne ne savait de quoi il s'agissait. Tinguely avait exposé à l'exposition et il était dans le coup lui.

Restany : C'était quand l'exposition à Anvers?

Klein : C'était environ 3 mois après l'exposition d'avril 58. Je vais rechercher.

Restany : L'important c'est que tu me précises tout de suite si c'était entre ton exposition d'avril 58 : « Le Vide », et l'exposition en collaboration avec Tinguely en novembre.

Klein : entre les deux
Le principe était formidable parce que c'est là où j'ai dit en arrivant je n'aurais pas dû venir du tout et mon nom n'aurait pas dû figurer sur le catalogue. C'était l'impersonnalisation que je voulais.
La date de l'exposition mars 1959 donc plus tard.


[…]
Restany : Nous sommes en 1958 ; novembre : c'est le premier résultat tangible si l'on peut dire, de la manifestation de l'immatériel à savoir la collaboration avec Tinguely : la vitesse pure et stabilité monochrome, votre exposition commune chez Iris Clert.

Klein : La collaboration avec Tinguely a commencé bien avant cela. C'était à la suite de l'exposition du Vide où Tinguely avait été très enthousiasmé et m'avait proposé de faire quelque chose en commun. Moi, à ce moment là j'allais chez Tinguely parce que je ramassais des pierres dans son jardin pour les peindre en bleu ou pour en faire des socles pour mes éponges, et Tinguely a proposé de faire un tableau en commun : je ferrais le fond monochrome bleu, et lui ferait bouger des éléments sur ce panneau. Et ça devait être présenté au Salon des Réalités Nouvelles.. c'est à ce moment que … a donné sa démission parce qu'on nous a refusés tous les deux en bloc, et …. a envoyé sa démission à Fontene. Te tu rappelles qu'en 55 j'avais été refusé déjà au Salon et alors, une deuxième fois Tinguely a été refusé avec moi alors c'est là où nous nous sommes dits bon et bien partons en vacances et oublions cela. Et ensuite au retour nous avions mûri tous les deux la question chacun de notre côté, et en septembre nous avons préparé cette collaboration qui était beaucoup plus précise. C'est-à-dire que lui se transformait en le mouvement lui-même, sur place, et moi, j'étais le monochrome qui par ce mouvement était transformé en : vitesse pure et stabilité monochrome, parce que la monochromie restait stable t prenait une valeur très étrange sur les bords.

Restany : Il y avait quand même deux choses dans cette exposition, qu'il faut dégager, d'une part ce que tu viens de dire, c'est-à-dire le phénomène de vitesse pure et d'autre part de stabilité monochrome qui était surtout sensible finalement dans tous les disques qui étaient animés dans un mouvement de rotation plus ou moins rapide. Disons : tous les disques en général, ce qui arrangeait tout le monde ; car chacun restait à son propre niveau et sur ses positions. Dans le fond l'image que Tinguely animait était bien la tienne , mais en même temps, comme il sortit d'une époque géométrique, le cercle qu'il animait comme cela ne jurait pas avec son imagination de l'époque, et d'un autre côté pour toi, c'est une façon de diffuser le monochrome. Mais il y avait quelque chose de plus important et dont nous sous sommes aperçus par la suite, parce que cela est à l'origine de tout le développement de l'œuvre de Tinguely. C'était l'occupation de l'espace. Là où il n'y avait plus le simple phénomène de diffusion de la couleur physique pure, avec la vitesse pure d'un côté et la stabilité monochrome de l'autre, il y avait cette structure et ce bruit. Et ce bruit déjà et cette machine qui était une construction.
Le disque blanc ou bleu qui était ta participation à la machine, était animé d'un tressautement à ce moment là. Et ce tressautement la faisait participer d'une autre façon. Ce tressautement appelle cette participation du mouvement dans ton œuvre, à savoir que le tressautement préfigure un peu en quelque sorte, le tremblement des feuilles d'or.

Klein : C'est venu d'une erreur lorsque j'essayais de faire des monochromes en 50 à Londres, et que je n'y arrivais pas, parce que j'étais un mauvais ouvrier doreur. Mais alors après je me suis aperçu que ces feuilles étaient très jolies en mouvement et je me suis dit que cette erreur est une belle chose : utilisons-là.

Restany : en fait on ne peut pas ne pas faire ce petit rapprochement bien que tu sois pour toi mineur.

Klein : C'est une coïncidence intéressante.

Restany : tandis que pour Tinguely la chose est beaucoup plus importante parce que c'est de là qu'est né manifestement sa nouvelle prise d'action sur le monde.

Klein : Ce type là avait cette obsession du mouvement toujours.

Restany : Il y a eu collaboration, mais je ne veux pas dire par là que c'est toi qui lui a donné cette idée.

Klein : C'était une machine qui fonctionnait, on ne savait pas si elle n'allait pas sauter à la figure des gens, elle chauffait terriblement . Cette excavatrice faisait, par un mauvais contact, une étincelle bleue or si te souviens, c'était le seul cercle que faisait tourner Tinguely qui était blanc. Et l'étincelle bleue est devenue comme une aura derrière le petit moteur autour de ce blanc, c'était très curieux.
ça me rappelle le mur de feu chez Colette Allendy fait avec des fusées. Quand j'ai fait le mur de feu, au lieu de le faire au gaz, je l'i fait avec des feux de bengale. C'était formidable, je voyais cette lumière bleue autour de ce cercle blanc. Et ça venait d'un mauvais contact. D'une erreur!